Je suis là - Blog du roman Ils étaient là

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

vendredi, décembre 21 2012

Exergue

Peut-être que, dans quelque temps ou quelque lieu de l’univers, les espèces des animaux sont, ou étaient, ou seront, plus sujettes à changer qu’elles ne le sont présentement parmi nous. Leibniz

Wolfenbüttel 1Wolfenbüttel 2Bibliotheca Augusta

Je suis là se consacre entièrement à Ils étaient là, le thriller neo-darwinien de Michel Kuttler (infra Je, Moi). Ce n'est pas un commentaire sur le roman ni une étude sur son auteur (Moi) mais, si le roman est bon et si je suis un auteur, on devrait pouvoir y parler de tout. Bien sûr on peut aussi y lire Ils étaient là en cliquant sur les noms des neuf chapitres. La présentation n'est pas encore parfaite mais je progresse...

mercredi, novembre 14 2012

Ad marginem

Bon, vous n'avez pas été très nombreux à manifester un soutien frénétique. Mais on peut penser que les plus studieux sont quand même arrivé à la fin de ce premier roman. Voilà de quoi nourrir leur faim (si tant est qu'Ils étaient là puisse laisser sur sa faim...) :


NB : il faut cliquer sur l'image.

vendredi, novembre 18 2011

Les hommes grenouilles rattrapent la fiction

mardi, janvier 18 2011

Stendhal toujours

 Pour que la peinture soit séditieuse, il faut qu'elle le veuille absolument, tandis qu'il est impossible de bien écrire sans rappeler au moins indirectement, des vérités qui choquent mortellement le pouvoir.  (Stendhal, cité par Fumaroli)

On a toujours raison de lire les classiques. J'ai longtemps cru que la vulgarité du monde pouvait être combattue. Stendhal nous dit qu'elle est consubstantielle au pouvoir. Pierre doit trahir pour régner sur ce monde. Que de combats inutiles la lecture de cette phrase aurait-elle pu épargner à nos jeunes années ?

Cela dit, ai-je, au moins indirectement, rappelé des vérités qui... ? J'aimerais bien ! Mais de quoi s'agit-il ? Stendhal pensait-il ab ante à ces millions de post qui pensent choquer mortellement l'Etat en insultant ses représentants impotents ? Bien sûr que non. 

La politique dans une oeuvre littéraire, c'est un coup de pistolet au milieu d'un concert, quelque chose de grossier et auquel pourtant il n'est pas possible de refuser son attention.

L'oeil étonné aperçoit les pics des Alpes, toujours couverts de neige, et leur austérité sévère lui rappelle des malheurs de la vie ce qu'il en faut pour accroître la volupté présente. (Toujours Stendhal, bien sûr)

Tout est dit. La volupté surgissant des malheurs dont on s'arrache, le souvenir de la grossièreté, le devoir qui dérange la musique... Bon, mais ai-je, au moins indirectement... ?

dimanche, octobre 3 2010

Nuit Blanche

Festivus Festivus était hier soir de sortie. Pour les Nuits Blanches, le Parisien fatigue le bitume suivant l'ordre que lui intime un manuel sur papier glacé dûment édité par la Mairie. Cette ferveur me désole car elle démode un peu plus mon roman vieux d'à peine dix ans. On se souvient qu'il s'achevait dans un Luna Park où l'on transformait en simulacres nos héritages. Les Nuits Blanches vont plus loin. Elles néantisent avec acharnement toute notre géographie urbaine et mettent un point d'honneur à travailler sur les édifices où quelques bribes de sens pourraient encore subsister. Écoles, mairies, églises se parent de « chuchotements inaudibles », de « lumières fantomatiques » ou de « bulles méditatives ». Je n'avais pas osé aller aussi loin...

mercredi, mai 12 2010

IEL remis en cause ?

La télévision m'apprend que mes ancêtres auraient non seulement copulé avec l'homme de Neandertal mais qu'ils auraient eu une descendance commune. Moi ! Pour preuve, dit-on toujours à la télé, ces 1% à 4% de génome commun. J'en étais resté à 99% de génome commun avec le chimpanzé... avec qui pourtant malgré quelques efforts... Je n'y comprends rien. Peut-être essaie-t-on de me dire que ce n'est pas le gène qui fait la bête ?

Et, pour ceux qui veulent vraiment, le vrai article est là : http://sciences.blogs.liberation.fr/files/green-article-100507.pdf

samedi, mars 27 2010

Thomas, si tu me lis...

Transmitting and receiving antennas for the wireless equipment had been run up the sides of the lava-cone, and communication had commenced, while, almost exactly on the other side of Earth, Chums of Chance monitoring personnel waited in a weather-proofed shack at the top of Pike's Peak, though beliefs varied as to the nature of the strange link - was the signal going around the planet, or through it, or was linear progression not at all the point, with everything instead happening simultaneously at every part of the circuit ?

Against the day, p. 112, Thomas Pynchon

mardi, mars 23 2010

Chienbäse

J'ai commencé ces billets en parlant de savoir et de connaissance, sous-entendant peut-être que celle-ci était l'aboutissement de celui-là. Ma visite au carnaval de Liestal me fait me demander s'il ne peut y avoir indépendance de ces deux formes de mémoire. Depuis 700 ans on passe sous la porte de la ville avec des charriots de feu dont les flammes atteignent facilement le cinquième étage. A côté de ces impressionnants véhicules, les citoyens les plus courageux défilent avec des flambeaux qui peuvent peser jusqu'à 80 kg (comme pour le Festival du Feu à Kurama). Bien sûr les ethnologues, anthropologues ou autres folkloristes ont des explications à revendre, mais lorsqu'on interroge les participants sur cette "Chienbäse", ils répètent sans grande conviction des histoires de rites de printemps ou de retour de la lumière (comme si cela n'avait pas commencé deux mois plus tôt). Il s'agit donc d'une pratique exubérante dénuée aujourd'hui de tout fondement raisonnable. Cela peut expliquer par le fait qu'un banquier ou qu'un ingénieur informaticien serait mal à l'aise d'invoquer de fumeux rites de passage plus que millénaires mais, et c'est là que je voulais en venir, il ne s'en promène pas moins depuis sept cents ans avec une torche de 80 kg sur le dos ! Le savoir est donc ici très contingent, évanescent, mais une connaissance très vivace de ce qu'il faut faire pour être ce qu'on est perdure et les badauds viennent de loin pour admirer l'événement.

vendredi, février 5 2010

Le cant

Je me suis bien sûr demandé pourquoi tous les éditeurs avaient refusé mes romans. Mes œuvres ne méritaient pas une telle unanimité, n'étant pas tellement meilleures que les publications habituelles des maisons sollicitées. 

Une expérience récente m'apporte de nouvelles lumières sur ce fiasco commercial.

J'enseigne depuis peu à des bac +3 ou +4. Des jeunes instruits ou en passe de l'être, la cible rêvée de ma littérature. Pourtant – surprise ! - il ne comprennent pas ce que je leur raconte. Pas les phrases ou les concepts (on m'avait prévenu, je m'adapte) mais les mots. J'emploie des mots qui n'ont plus cours dans les aréopages du nouveau siècle ! A un contre trente, on ne peut en ces matières avoir raison. Il ne me reste plus qu'à attendre, stoïque, l'ethnologue au magnétophone qui viendra noter mon cant moribond. 

Je vous entends ricaner d'ici... « les livres, le théâtre, la chanson... », « mais pour qui se prend-il ? »

A cela, deux réponses. Essayez donc d'utiliser « achalandé » à bon escient ! Enfin, et surtout, vous n'avez pas lu Ils étaient là. Quand plus personne ne prie, la maison de Dieu s'étiole. Certains messages sont comme un courant électrique, l'étincelle qui met le feu à la plaine. Mais certaines demeures demandent des soins permanents pour ne pas disparaître comme ces forêts qu'un parasite minuscule dévaste et quelques années ou ces espèces merveilleuses qui disparaissent à peine découvertes par la science. 

mercredi, septembre 30 2009

Slovaquie

Babel ne nous réserve pas que de mauvaises surprises. De passage à Bardejovske Kupele, une station thermale appréciée de l'impératrice Sissi, je suis allé prendre les eaux sur ses traces. L'établissement thermal proprement dit ressemble plus à un hôpital qu'au palais aquatique de mes rêves, mais je mis un point d'honneur à tester quelques « prozedura » : piscine, sous le contrôle d'un infirmière qui chronomètre vos ébats (45' pas plus), momification à la paraffine... et, là où je croyais avoir d'un slovaque hésitant commandé le sauna, la grotte de sel ! Quelques transat constituent l'unique mobilier d'une pièce aveugle, tapissée de grosses pierres brutes. Le sol est recouvert d'un épaisse couche de sel. On y passe une heure, allongé dans la pénombre, les yeux sur les jeux de lumières minimalistes du plafond et les oreilles caressés d'une musique new-age aseptisée. L'air pique un peu et les neurones se connectent. 

Quelle déception, de retour devant son écran, d'apprendre que cette installation découle de la constatation, au XIXè siècle, de l'excellente santé pulmonaire et respiratoire des mineurs des mines de sel ! Une thérapie, une prophylaxie. Je suis pourtant sûr que ce monde de cristaux possède d'autres vertus que de nous protéger de la bronchite de Carpates. Comme pour la palais aquatique de Sissi, n'ai-je fait que rêver la grotte d'uranium d'Ils étaient là, ou m'en suis-je vraiment rapproché cet été ? 

mardi, mai 26 2009

Sociologie

Mon emploi dans un cabinet de recrutement me permet de rencontrer de nombreuses personnes et de lire de nombreux CV. Ainsi, ce qui me semblait auparavant le fruit du hasard ou d'une aberration historique m'apparaît maintenant comme le résultat d'une mécanique. Les jeunes gens les plus brillants que je reçois sont souvent passés d'une grande école technique très sélective à un premier emploi où on leur a demandé de faire leurs preuves, entendez d'engranger du chiffre en travaillant douze heures par jour. Pour les meilleurs, cela débouche sur un poste de management qui leur laisse encore moins de temps et de disponibilité d'esprit.

Quelle mécanique cela révèle-t-il pour le sujet qui nous intéresse ici ? On voit que l'organisation de notre société enlève à la culture (pour parler vite) ses éléments les plus dynamiques et les plus intelligents. Combien de temps faut-il pour percevoir la valeur de Flaubert ou de la Grande Galerie ? Beaucoup plus qu'il n'en est laissé à nos élites. Ite missa est. Comment s'étonner que la valeur d'un individu s'exprime de plus en plus par des modes de consommation ? Le Bottin mondain, les adresses du luxe ou de la gastronomie sont aujourd'hui des vade-mecum plus pertinents que les petits classiques. Il est frappant de constater à quel point ces adresses sont familières à ceux-là même qui n'ont aucune chance d'en profiter. La banlieue connaît Lasserre ou Breitling dans le détail et ce savoir paradoxal étonne d'autant plus qu'il remplace Mozart et Stendhal dont on ignore jusqu'au nom.

Lassés de voir que les marchands de téléphone sont plus respectés que les enseignants à qui nous confions nos enfants, ceux qui sont payés pour défendre le Tasse et Tiepolo vivent dans le ressentiment. Comme par vengeance suicidaire, ils prétendent alors remplacer Racine par la BD ou faire asseoir les rappeurs sur le même banc qu’Olivier Messiaen. Ces intellectuels précaires ou fonctionnarisés seraient probablement très irrités de lire ici que c’est eux qui vendraient des produits financiers si d’aventure on gagnait plus d’argent à défendre Chateaubriand que le CAC 40. 

dimanche, avril 26 2009

Marcher sur ses deux jambes

La grippe porcine tue plus les jeunes que les vieux car ceux-ci possèdent, semble-t-il, la mémoire d'une maladie similaire. C'est la première fois depuis très longtemps que l'actualité reconnait la valeur de l'expérience. Je travaille aujourd'hui dans un cabinet de recrutement et je suis bien placé pour savoir qu'après 50 ans les seniors n'ont plus d'emploi. Dans de nombreuses entreprises, la moyenne d'âge qui affiche effrontément l'inexpérience et l'incompétence est même un argument de vente.

Tristes touristes, un opus précédent, inédit et inachevé, explorait les liens pervers de l'oubli et de la haine de soi. Ils étaient là est l'envers de cette chaussette abandonnée. Si vendredi je gagne à l'Euromillions, je promets de finir de tricoter Tristes touristes.

samedi, avril 18 2009

Mémoire, intellect, volonté.

Mémoire, intellect, volonté : de ces trois composantes de l’âme selon Saint Augustin, il ne reste aujourd’hui que la volonté. De même que la calculette a détrôné le calcul, le livre, puis les photocopies et enfin Internet ont détrôné la mémoire. L’intellect a suivi. Comment comprendre si on ne se souvient pas ? Il ne reste donc plus qu’une volonté erratique et parfois brutale dont la vie publique donne chaque jour le triste spectacle.
On ne peut aujourd’hui sortir de ce cul-de-sac que par la fiction. Ils étaient là imagine une mémoire ouverte et non plus organisée comme une salle aux trésors. Le héros résonne comme une corde sensible et retrouve ainsi les savoirs des ses congénères. Cette hypothétique communauté  pose autant de problèmes qu’elle en résout.  Y siège-t-on de droit et, si tel est le cas, que faire des méchants ? Le roman décrit la période initiale de ce bouleversement où seul le héros est doué de la faculté de recevoir et de guérir.
On finit par découvrir que la trilogie augustinienne reposait sur l’évidence d’une chose qui a disparu. Dieu et (donc) l’amour qui informe la communauté sont les savoirs perdus que Daniel devra redécouvrir pour que le miracle se transforme en réalité.

dimanche, mars 8 2009

La vraie vie des gens


Le train entre lentement dans la gare souterraine. On entend la sourde rumeur de la foule lassée par l’attente. La rame arrive bondée. Répugnant à me comporter comme mes congénères, j’ai déjà laissé passer la précédente. Du bétail, m’étais-je dit, du bétail. Mais je comprends maintenant que je n’ai pas le choix. Si je ne veux pas passer la soirée sur le quai, il faut pousser. Manque de chance, je ne suis pas en face d’une porte lorsque le train s’arrête. La friction de ceux qui veulent monter avec ceux qui veulent descendre dure une éternité. Ceux qui entrent dans la rame s’arrêtent dès la porte franchie. Ils ne veulent ni pousser ni être poussés et ne répondent pas à ceux qui leur enjoignent d’avancer dans le fond du train. Par-dessus la tête des derniers arrivés, j’attrape la barre verticale située à un mètre du quai et je tire de toutes mes forces. La foule se remodèle en grommelant. Je suis dans le train. C’est une rame à deux étages. A ma gauche, je vois ceux qui sont en haut du petit escalier lire leurs journaux dépliés dans le couloir.
- Pourriez-vous monter s’il vous plait ?  Il reste plein de gens sur le quai.
Personne ne me voit, personne ne m’entend. Je me fraie alors un passage. Le petit escalier est aussi encombré qu’une entrée de magasin le premier jour des soldes. Tout pénétré de ma mission au service de ceux qui sont restés sur le quai, j’avance, je bouscule impitoyablement. Vaguement conscient de mon bon droit, ceux qui prennent mon coude ou mon genou dans une partie sensible se contentent de gémir. J’arrive à l’étage et, pour faire bonne mesure, je continue jusqu’au milieu de la rame. Un petit homme manifeste sa mauvaise humeur lorsque je déboule dans son Canard Enchaîné complaisamment étalé dans le passage.
- Vous pourriez faire attention tout de même !
- On fait mine de s’intéresser aux grands problèmes, dis-je en molestant le canard, mais on est aveugle à ceux qui restent sur le quai !
Je sens immédiatement l’empathie transpirer autour de moi. Suggérer que j’étais de côté de ceux qui viendraient bientôt dans notre petit monde protégé suffisaient à faire croire à mon public que cette irruption serait pacifique, tapageuse tout au plus.
- Je lis mon journal. Si ça vous pose un problème, on peut régler ça…
Je le toise de très près pour bien lui faire sentir les deux têtes qu’il me rend.
- Je vous trouve bien présomptueux.
- Oui, ça c’est vrai, enchaîne une dame. Je ne le trouvais pas très poli non plus.
J’ai gagné, mais je découvre que mes supporters ne connaissent pas le sens du mot présomptueux. Est-ce pour cela qu'il y a si peu de commentaires sur mon blog ?

dimanche, février 1 2009

Pensée du jour

Above all a knowing deep in the bone that beauty and loss are one.

Cormac McCarthy

vendredi, janvier 9 2009

Savoir et connaissance

La lumière peut-elle naître de la complexité ? Avoir accès à toutes les informations, à tous les savoirs, à toutes les techniques, donne-t-il une meilleure connaissance du monde ? Cela rend-il plus digne d’être écouté ? Plus apte à gouverner ? singes