Je me suis bien sûr demandé pourquoi tous les éditeurs avaient refusé mes romans. Mes œuvres ne méritaient pas une telle unanimité, n'étant pas tellement meilleures que les publications habituelles des maisons sollicitées. 

Une expérience récente m'apporte de nouvelles lumières sur ce fiasco commercial.

J'enseigne depuis peu à des bac +3 ou +4. Des jeunes instruits ou en passe de l'être, la cible rêvée de ma littérature. Pourtant – surprise ! - il ne comprennent pas ce que je leur raconte. Pas les phrases ou les concepts (on m'avait prévenu, je m'adapte) mais les mots. J'emploie des mots qui n'ont plus cours dans les aréopages du nouveau siècle ! A un contre trente, on ne peut en ces matières avoir raison. Il ne me reste plus qu'à attendre, stoïque, l'ethnologue au magnétophone qui viendra noter mon cant moribond. 

Je vous entends ricaner d'ici... « les livres, le théâtre, la chanson... », « mais pour qui se prend-il ? »

A cela, deux réponses. Essayez donc d'utiliser « achalandé » à bon escient ! Enfin, et surtout, vous n'avez pas lu Ils étaient là. Quand plus personne ne prie, la maison de Dieu s'étiole. Certains messages sont comme un courant électrique, l'étincelle qui met le feu à la plaine. Mais certaines demeures demandent des soins permanents pour ne pas disparaître comme ces forêts qu'un parasite minuscule dévaste et quelques années ou ces espèces merveilleuses qui disparaissent à peine découvertes par la science.