Mémoire, intellect, volonté : de ces trois composantes de l’âme selon Saint Augustin, il ne reste aujourd’hui que la volonté. De même que la calculette a détrôné le calcul, le livre, puis les photocopies et enfin Internet ont détrôné la mémoire. L’intellect a suivi. Comment comprendre si on ne se souvient pas ? Il ne reste donc plus qu’une volonté erratique et parfois brutale dont la vie publique donne chaque jour le triste spectacle.
On ne peut aujourd’hui sortir de ce cul-de-sac que par la fiction. Ils étaient là imagine une mémoire ouverte et non plus organisée comme une salle aux trésors. Le héros résonne comme une corde sensible et retrouve ainsi les savoirs des ses congénères. Cette hypothétique communauté  pose autant de problèmes qu’elle en résout.  Y siège-t-on de droit et, si tel est le cas, que faire des méchants ? Le roman décrit la période initiale de ce bouleversement où seul le héros est doué de la faculté de recevoir et de guérir.
On finit par découvrir que la trilogie augustinienne reposait sur l’évidence d’une chose qui a disparu. Dieu et (donc) l’amour qui informe la communauté sont les savoirs perdus que Daniel devra redécouvrir pour que le miracle se transforme en réalité.